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Pas de Sapa sans Chocho!

La journée de notre arrivée est perdue, alors nous en profitons pour laver notre linge, faire du blog, avancer sur notre itinéraire, boire quelques bières et jouer au tarot avec les français!

La ville de Sapa n'a vraiment pas d'intérêt, elle est en construction partout, les hôtels poussent comme des champignons avec le bruit et la poussière qui va avec! Mais pourquoi sommes nous ici alors? Comme souvent en Asie du Sud-Est, les alentours des villes sont le vrai point d'intérêt.

Pour visiter la campagne, il est difficile de partir seul sur plusieurs jours sans guide, à moins d'être équipé pour camper et d'avoir une bonne carte, les chemins n'étant pas balisés et certains villages n'ayant pas d'hébergement.

On peut soit passer par une agence, soit s'arranger directement avec une guide qui propose des excursions dans la rue. Cette deuxième option est considérée comme illégale par le gouvernement vietnamien, et on risque d'ailleurs une amende en tant que touriste si on s'y aventure.


Comme toujours, pas facile de faire un choix et de savoir qui croire... Pour cette fois, on nous a facilité la vie puisque Pauline rencontrée à Koh Tao en Thaïlande était ici il y a quelques semaine et nous a conseillé une guide locale, donc soit disant illégale. On est plutôt d'accord avec le fait d'avoir un seul correspondant et d'éviter les intermédiaires, une manière de savoir réellement où notre argent part.


Notre guide s'appelle Chocho, elle a 50 ans. Elle est guide depuis 9ans à Sapa, et elle a a appris l'anglais avec les touristes qu'elle emmène avec elle. Elle continue d'ailleurs chaque jour d'apprendre. Elle est née ici, elle a toujours vécu ici et ne quittera sûrement jamais ses montagnes. Elle fait partie de la tribu Hmong-Dao, une des 54 ethnies qui composent au total 20% de la population du Vietnam. Chaque ethnie a son dialecte, ses coutumes et croyances et ils parlent aussi le Vietnamien mais ne se considèrent pas Vietnamiens. On sent même une sorte de rejet des uns envers les autres.

Pauline nous avait prévenu, dès les premières minutes de notre rencontre elle fait des blagues, elle rigole, elle nous met à l'aise. Les deux prochaines journées s'annoncent pleine de bonne humeur, et on adore!


Nous partons à 8h00 du matin à pieds depuis la ville pour une première journée de marche. Nous les voyons, ces fameuses rizières en terrasse! C'est impressionnant. Comme les Incas au Pérou, il a fallu trouver des solutions pour faire pousser de quoi manger, malgré les montagnes. Et derrière ce dispositif, c'est aussi tout un système d'irrigation qui est pensé et entretenu.

Les rizières se succèdent, certaines sont vertes et attendent d’être moissonnées, mais la plus part attendent d’être piquées de plants de riz. Du coup, ce n'est pas la meilleure période pour visiter la région, mais on a l'avantage du temps puisqu'ils pleut assez peu!


On passe à travers les villages, et on reçoit et donne des dizaines de sourires.


Ici c'est pas les pizzas qu'on livre en scooter!

Selon Chocho, c'est 20km que nous aurons parcourus le premier jour, mais notre IPhone nous dit plutôt 16km! On ne va pas vous cacher qu'on a croisé du monde ce premier jour et notamment le matin, puisque c'est un parcours classique pour une journée avec un retour le soir en bus à Sapa. Mais notre Chocho galope avec ses claquettes de piscine en plastique, alors on avance à grandes foulées... Elle coure même dans les descentes!


On arrive dans un village animé, et on attend Chocho qui fait ses courses pour le repas du soir. On repart bien chargés jusqu'à sa maison dans la montagne à 15min de là. Nous posons nos affaires, nous rencontrons timidement une partie de sa famille, en déduisant les liens de chacun. Chocho nous donne une chaise, nous admirons la vue : un endroit si paisible.


Derrière cette photo, c'est une scène de vie quotidienne bien loin de nos repères qu'on a vécu. Une histoire banale, en plein cœur d'une famille de l'ethnie Hmong.


Ici, les jeunes filles partent vivre dans leur belle famille après le mariage, tandis que les fils restent avec leurs parents, dans la même maison. Il y a 5 enfants des deux fils de Chocho. Ses fils ont 23 et 25 ans, ses belles filles ont 21 et 23 ans.


Les parents profitent de notre arrivée pour repartir travailler : transporter le bambou séché près de la maison pour faire le feu. Les enfants sont là, et très vite l'un d'entre eux, 1 an et demi, pleure. Il est là, par terre, et il pleure pendant 10min, 20min, 30min. Son papa revient, il se calme 5min puis pleure de nouveau dès son départ. Les autres enfants jouent avec quelques bouts de bois dans la terre. Loulou tente de le distraire, sans réussite. 1h passe, il pleure toujours autant. Sa mère fait quelques apparitions en ramenant le bois, lui donne un peu le sein et repart. Il se calme, et aussitôt, c'est reparti. Est-ce qu'on a "le droit" de le prendre? On se pose la question, puis Ben tente de le prendre dans ses bras et de le calmer, en lui chantant La Marseillaise et des comptines en Anglais, ce qui marche plutôt bien, et rend ce moment un peu unique pour nous! Mais finalement rien y fait, il continue de pleurer. Chocho passe et repasse, toujours le sourire aux lèvres et le rire au beau fixe. Elle bricole par ci par là, elle le laisse pleurer.

On regarde ce petit dans les yeux, et on ne sait pas quoi faire. Il pleure à chaudes larmes, on a bien l'impression que ce n'est pas qu'une colère. Puis ses parents reviennent, et ça va mieux.

Dans tout ça, on a eu le temps d'essayer d'analyser ce qu'on a vu, sans trop avoir de réponses. On s'est demandé s'il manquait d'attention, mais dès que ses parents ont pu revenir, on a vu de l'amour dans leurs yeux et leurs gestes pour leur enfant. Alors on s'est dit qu'ils n'avaient tout simplement pas le choix, que sa mère avait du le porter en travaillant plus petit, qu'il avait cette habitude et que c'était maintenant difficile d'en changer. Parce qu'ici, tout le monde doit travailler pour manger, il n'y a pas de poussette, pas de crèche, pas de jouets. Finalement, la meilleure solution pour eux est de laisser les choses se faire naturellement, sans trop se poser de questions.


On découvre leurs habitudes. Ils ont de l'eau chaude, probablement grâce au fait qu'ils reçoivent des touristes régulièrement. Autre fait marquant : ils ont un niveau de confort rudimentaire, mais les téléphones sont bien là (c'est d'ailleurs comme ça que nous avons pu communiquer avec Chocho)



Chocho nous met au boulot, c'est parti pour faire la cuisine, vous vous doutez bien qu'on attendait que ça!


On comprend a quoi sert ce gros sachet de graisse de porc qu'on a ramené à la maison... Ben la coupe avec assez peu d'entrain qu'on se le dise, avant de la chauffer pour la rendre liquide. C'est leur matière grasse.

Nems aux légumes, boeuf sauté aux oignons nouveaux, tofu aux tomates et herbes, salade d'ananas et concombre au piment, pommes de terre sautées, et du riz. Tout le monde met la main à la pâte pour préparer le dîner, mais c'est Chocho la chef!


On passe à table, on comprend bien que c'est jour de fête parce qu'il y a des invités. On se régale, Ben offre une bière au mari et au fils de Chocho. Un beau moment de partage.


Ce soir se sera dodo tôt, et c'est tant mieux ça fait longtemps que c'est pas arrivé! On dort à l'étage, un étage qui est entièrement réservé aux invités, 4 matelas de 2 places avec moustiquaire. Ah oui, il faut qu'on vous dise, au Vietnam les matelas des locaux et hôtels "bas de gamme" sont littéralement des planches de bois, d'une quinzaine de centimètre d'épaisseur! Après quelques mois de voyage ça nous fait ni chaud ni froid, mais mieux vaut le savoir avant de se jeter en mode superman sur le lit!


Le lendemain, c'est pancakes à la banane, pour nous seulement. La famille a petit-déjeuné avant, les restes d'hier soir. On se sent un peu mal à l'aise, mais Chocho nous rappelle qu'on est ses invités et elle sait bien ce qu'on préfère.



Puis on part en ballade, on fait des pauses, on respire le grand air, on marche dans la boue, on écoute de la musique, on essaye d'apprendre à faire de l'harmonica avec une feuille, on fait fuir un serpent, on chante et on rigole.


Le tout sous un soleil radieux.



On a été touché par cette rencontre. N'être que tout les deux ne nous a pas laissé le choix que de vivre le moment intensément, sans échappatoire. On a beaucoup observé, et peu parlé. On s'est retrouvés un peu timides finalement, de s'immiscer dans leurs vies et de partager leur quotidien. On s'est rendus compte une nouvelle fois à quel point on avait la vie "simple" dans les choses du quotidien.


On ramène dans nos sacs à dos un tissus en chanvre, teinté à l'indigo et décoré par ses soins à la main à la cire d'abeille. Chocho nous coud l'extrémité pour pouvoir accueillir un bambou sur lequel nous accrocherons une corde, comme on a beaucoup vu au Laos. Un objet qui restera symbolique pour nous.

Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient visiter la région, la meilleure période commence à la fin du mois d’Août jusqu’à mi septembre quand les rizières sont vertes vertes. Il a une autre bonne période pour admirer les rizières en terrasse dans le nord du Vietnam. C’est la fin de Mai – début de Juin quand l’eau est amenée dans les champs pour le repiquage. A ce moment-là, les rizières en terrasse sont comme un grand miroir qui réfléchit les rayons du soleil. Pour les photographes, c'est une régalade.



Chocho nous accompagne en ville et nous met dans le bon bus pour notre prochaine étape. On s'en souviendra de ce sourire!

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