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" Demain est déjà là "

On commence cet article par une anecdote des plus banales.

Nous nous promenions hier dans les rues de Buenos Aires. Sortie d'école, on croise des parents et leurs enfants. Un enfant de 3 ans prend le sachet en papier de son goûter, en déchire un premier bout, le jette par terre. Il récupère ce qu'il y a dedans, puis jette le reste du sachet, par terre. Sous les yeux de sa mère. Sans se poser de question, comme si c'était normal et qu'on le laissait faire ça tous les jours.

Nous sommes en Argentine, dans l'un des pays les plus développés d'Amérique du Sud où il y a des poubelles, où les rues sont nettoyées et les déchets triés. Dans plus de la moitié des pays de ce monde, ce bout de papier restera par terre.

On prend 15min de votre temps pour vous parler de la planète, un sujet qui vous barbe peut-être déjà rien qu'à l'entendre! Promis, 15 petites minutes.

 

Le Musée de Demain (en portugais Museu do Amanhã) a été édifié par l'architecte Santiago Calatrava Valls, et inauguré le 17 décembre 2015. Il est situé sur la baie de Guanabara à Rio de Janeiro, une zone portuaire autrefois mal-famée. Ces 15000m² sont d'ailleurs le symbole de la renaissance de ce quartier rénové pour accueillir les Jeux Olympiques. Son financement est pour partie le Ministère de l'Environnement et pour partie privée (banque Santander et groupe BG2). Son esthétisme est à la fois troublante et majestueuse, faisant désormais de ce musée un symbole architectural de la ville.

Son créateur explique : « L’idée était d’avoir un édifice aussi éthéré que possible, comme flottant sur les eaux, à l’instar d’un vaisseau, d’un oiseau ou d’une plante » Vaisseau spatial, paquebot... Vous y verrez ce que vous voulez, on sera surement d'accord pour dire que c'est un monument hors du commun!


Le plus important reste son contenu et c'est d'ailleurs par cela que nous avons été touchés. Sa mission : nous propulser dans le monde de demain, sa durabilité, son avenir, à la différence des musées classiques qui exploitent et exposent le passé. D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où sommes-nous ? Mais surtout où allons-nous ? Comment y parviendrons-nous ? Ce musée soulève des questions en nous laissant trouver les réponses : « Demain est déjà là, c’est aujourd’hui qu’il faut agir »



Beaucoup de données et de chiffres en temps réels sont données, démontrant les répercussions de la vie humaine sur la Terre : l’acidification des océans, les catastrophes naturelles, les taux de natalité et de mortalité dans le monde et les tout derniers chiffres sur la consommation d’eau, d’énergie et de bœuf. On mesure alors l'urgence, comme si on nous faisait prendre conscience que nous sommes au pied du mur... Comme des électrochocs nous obligeant à réfléchir à la durabilité et à nous interroger sur la construction d’un plus bel avenir. D'ailleurs, chaque visiteur peut calculer son empreinte environnementale et voir si – étendue à l’ensemble de la population mondiale – c’est chose viable. Des critères de mode d'alimentation, de mode de transport, de consommation d'énergie... On se rend compte qu'on est loin d'être irréprochables...


Le thème principal du musée repose donc sur le fait que, pour la première fois depuis que la Terre existe, l’avenir de la planète est notre responsabilité. Nous vivons l’Anthropocène, une ère géologique où les mutations planétaires ne sont pas la cause d’événements naturels mais le résultat de l’activité humaine. Ces mutations opèrent à vitesse grand V : les changements attendus dans les 50 prochaines années devraient être aussi nombreux que ceux survenus au cours des 10 derniers millions d’années! L’objectif du Museu do Amanhã est de rappeler que nos actes ne sont pas sans conséquences et qu’il faut en mesurer la portée.


A noter que le toit du bâtiment est pourvu de 5 492 panneaux photovoltaïques divisés en vingt-quatre modules qui leur permet de s'orienter suivant l'heure du jour... Le musée n'aurait aucun sens sans cette installation évidemment.

 

Si le sujet vous intéresse, faites-vous votre avis du film français "Demain" sorti en 2015 (Cyril Dion et Mélanie Laurent). Ils mettent en image les solutions et alternatives qui existent autour du monde :


- Exploiter les villes pour y cultiver des fruits et des légumes à l'image de la ville de Détroit aux Etats-Unis. Une autre idée est de pratiquer la permaculture en mélangeant des plantes et en utilisant des outils manuels innovants pour augmenter les rendements sur de plus petits surfaces : le basilic aux pieds des tomates éloigne les insectes et la vigne fait de l'ombre et procure de l'humidité...


- Mieux recycler ses déchets : Acheter moins, acheter d’occasion, refuser ce qui n’est pas nécessaire, réduire sa consommation, réutiliser au maximum, composter, trier ses déchets, préférer les produits sans emballage, refuser les sacs plastiques


- Repenser la ville à l'image de Copenhague : 50% de ses habitants se déplacent à vélo, alors que 67% refusent la voiture pour se rendre au travail


- Utiliser les monnaies locales en complément des monnaies nationales comme en Suisse avec le WIR pour procurer du financement aux entreprises locales, qui peuvent démarrer, se développer et créer des emplois. Elle leur fournit aussi la clientèle de ceux qui utilisent cette monnaie. Elle permet aussi de se ravitailler dans les autres entreprises appartenant au réseau, ce qu’on dépense à l’avantage des autres nous revenant lorsque l’autre dépense à notre avantage


- Eduquer autrement en sensibilisant les enfants dans des actes concrets à l'image du système éducatif Finlandais


Une bouffée d'espoir et d'optimisme.

 

C'est un sujet dont on parle beaucoup sans pour autant réellement agir. Comme si on était spectateur de ce qui se passe mais qu'on se sentait impuissant où pas concernés.

En voyageant, on se rend compte que cette question ne peut pas être traitée de la même manière dans tous les pays. Chaque pays a son niveau de développement et son niveau d'éducation face à ce problème : poubelles dans la rue, traitement des déchets, ancienneté des véhicules... C'est vrai que trouver une poubelle dans les rues de La Paz n'est pas forcément une mince affaire.

Mais à Paris si. Et dans toutes les villes de France aussi.


Alors bien sûr, on ne pourra pas changer nos habitudes du tout au tout. Il n'est pas question de se lever à 4h00 du matin pour aller au travail à pied, de devenir végétariens ou de ne plus mettre de chauffage l'hiver. Par contre faire du covoiturage, prendre son vélo pour aller acheter le pain, manger des fruits et légumes locaux qui n'ont pas fait 500 km pour être mangés, réduire un peu sa consommation de viande, mettre une couette de plus l'hiver, éteindre les lumières et faire le tri sélectif, nous sommes tous capables d'y faire un peu plus attention. Savoir se poser la question des répercutions sur la planète, et pas seulement de notre intérêt personnel comme notre confort ou nos dépenses.

D'ailleurs il y a bien plus d'avantages à essayer d'intégrer ça dans son quotidien : manger plus sainement, rencontrer du monde, faire du sport, payer moins cher sa facture d'électricité, et aussi booster sa satisfaction personnelle!

 

Se rendre compte que chaque jour, on détruit un peu plus l'endroit où l'on vit, comme si on allumait tous une cigarette qui détruisait de plus en plus vite notre poumon. A méditer!


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