Etape 2 : Ascension du Huyna Potosi
- worldkitchentour
- 30 juil. 2016
- 6 min de lecture
C'est avec beaucoup d'attention et d'excitation que nous écrivons cet article.
La Paz est donc entourée de très nombreuses montagnes, dont plusieurs dépassent les 6000m d'altitude. Les agences proposent une formule en 2 jours ou en 3 jours. Les trois jours sont justifiés par la nécessité de s'acclimater à l'altitude. N'ayant jamais fait et ne sachant pas trop à quoi s'attendre, nous le ferons donc en 3 jours. Nous partons de la Paz en camionnette et nous nous arrêtons sur le chemin pour essayer l'équipement. Un équipement composé de : - Bottes de montagnes type chaussures de ski - Gants et cagoule - Sur pantalon - Polaire - Veste - Crampons à adapter sur les chaussures - Piolet - Arnais, cordes et mousquetons - Casque
Nous arrivons au premier refuge situé à 4800 mètres. Les paysages sont déjà magnifiques : un mélange de couleur incroyable entre lacs et montagnes enneigées. Nous ne ressentons aucun effet de l'altitude, ayant été habitués depuis le Pérou. Nous rencontrons des guides et des touristes avec qui nous passerons les prochains jours. Nous partons escalader les glaciers pour nous habituer à notre matériel. En route vers un glacier à proximité pour apprendre les bases de l'alpinisme : comment marcher avec les crampons, quelles postures à avoir... Manque de bol, nous tombons sur le guide le plus perfectionniste : il veut nous apprendre toutes les façons de tenir le piolet, de marcher... On sent bien autour que tout le monde rigole, et nous aussi au passage! La première nuit sera agitée, on se rend compte que l'altitude joue sur le sommeil. On ajoute à ça un peu d'appréhension et d'angoisse : on ne sait pas trop à quelle sauce on va être manger.
On dort donc très peu cette première nuit. Le midi, nous mettons tout notre matériel (et ça pèse!) dans nos sacs et partons en chemin vers le campo alto situé à 5130m. On sent déjà le manque d'oxygène, le coeur s'emballe vite à chaque effort, même minimum. Une espagnole vivant en France a rejoint notre groupe composé de deux français étudiant à Lyon et d'un Londonien. Une bonne ambiance se dégage du groupe, nous arrivons au refuge avec la banane! Nous passons la fin d'après-midi à rire, se raconter nos vies et à penser au lendemain. Lendemain qui arrivera vite, puisque le dîner nous est servi à 17h30 et que nous filons au lit à 18h30 après un briefing des guides. Le réveil est mis, nous nous lèverons à 00H00 pour partir faire l'ascension finale à 1H00 du matin. La nuit est encore plus mouvementée, Ben dort quelques heures et Loulou somnole tout juste.
00H00 le réveil sonne. Tout est programmé : 30min pour mettre l'équipement et finir de préparer les petits sacs, un déjeuner léger et c'est parti. On lève les yeux, le ciel est un tapis d'étoiles! Nous sommes nombreux sur le départ, les lampes frontales font lucioles dans la nuit. Les premières 30 minutes de marche nous mettent en jambe. Le cardio est déjà mis à rude épreuve puisque nous grimpons dans les rochers avec nos bottes pas très pratiques. La neige et la glace pointent le bout de leur nez : il est temps de mettre les crampons et de sortir le piolet. ça y est, nous sommes dans le vif du sujet. Notre guide (Adrian) nous encorde : Adrian, Loulou, puis Ben. Assez vite, l'effort devient difficile de part le manque d'oxygène. Pourtant, nous n'avons pour l'instant pas de signe du mal des montagnes : pas de mal de tête, pas de mal d'estomac...
Loulou ressent cependant assez rapidement le besoin de faire des pauses. Ben se transforme en coach pour avancer. En effet, c'est une course contre la montre qui s'engage puisque le sommet doit être atteint au plus vite. Dès que le soleil se lève, le risque d'éboulement et d'avalanche est décuplé, la descente est d'autant plus dangereuse. Nous passons le cap des 5400 mètres et déjà Loulou se rend compte que l'effort physique est de plus en plus difficile.
Nous avançons péniblement et rattrapons le groupe avec Maïté l'espagnole et Matthieu l'anglais. Un moment qui fait du bien au moral et qui rebooste. Nous continuons l'ascension qui se complique peu à peu, jusqu'à arriver à un mur de glace d'une dizaine de mètres. Il faut alors se hisser à l'aide du piolet et des crampons ce qui demande beaucoup d'énergie. Nous marchons à petits pas dans la glace et Loulou commence à subir : froid, manque d'énergie, mal au ventre... Boire de l'eau, manger et parler devient de plus en plus compliqué, même si coach Ben est toujours au taquet malgré un léger mal de tête. Le guide est à notre écoute et demande constamment comment ça va. L'envie d'y arriver pousse Loulou à continuer et puiser encore un peu plus, mais petit à petit c'est le corps qui dit Stop. Les lèvres pour parler deviennent incontrôlable, comme une sensation d'anesthésie dentaire! Le guide comprend alors que se sera difficile de continuer, puisque l'heure tourne.
Nous prenons alors la décision d'échanger les groupes : Ben et Matthieu continueront ensemble, et Loulou et Maïté tenteront de continuer.
Maïté est fatigué mais il lui reste encore de l'énergie. Elle décide cependant de repartir, doutant de pouvoir atteindre le sommet dans le temps donné. 5h15, Ben part d'un bon pas malgré la fatigue pour aller jusqu'au bout.
Loulou et Maïté continue pour attendre le seuil symbolique des 5900 mètres, impossible de faire les 188m restants. Le guide décide de faire demi-tour : la descente demande beaucoup d'énergie et il n'y a pas de plan B. De son côté, Ben attaque la partie la plus difficile avec l'accumulation de fatigue : 45min de montée supplémentaire dans la glace, avec très peu de place pour les pieds, de plus en plus de difficulté à respirer. Le mental prend le dessus : l'envie d'atteindre l'objectif final est plus fort que la fatigue. Une énergie supplémentaire arrivée de tout là haut, et cette envie de prendre cette photo avec ce message si important. Musculairement, il manque de l'oxygène et chaque pas se transforme en marches de plus en plus hautes. Il est un peu plus de 6h00, et le sommet est là. En 5min, le soleil se lève : au loin la Paz, le lac Titicaca, des montagnes à perte de vue, le tout au dessus des nuages. Le temps est compté : il fait très froid là haut et il faut laisser la place aux autres. Le temps de prendre quelques photos et surtout la photo la plus importante, si chère à Ben.
De son côté, Loulou se décompose petit à petit. L'envie de dormir et la sensation d'être à plat est de plus en plus présente, le retour semble être une nouvelle épreuve et le corps le manifeste : hop, un vomi dans la neige. La descente demandera beaucoup d'énergie, nous croisons un groupe de militaires qui montent le mur de glace de 10 mètres. Nous attendons 20min dans le froid pour les laisser monter un par un. Ce moment est un supplice : il fait très froid là haut. Le guide et Maïté sont adorables, à l'écoute et motivants. Passé ce mur de glace, l'énergie revient tout doucement et nous "profitons" du levé du soleil seuls.
Ben quant à lui commence la longue descente jusqu'au refuge de 5130 mètres. Il est 9H30 environ quand ils arrivent, heureux mais éprouvés. Il faut alors refaire les gros sacs et faire la dernière descente d'une heure jusqu'au premier refuge, où une soupe nous y attend. Nous retournons sur la Paz pour se reposer et décalons la journée de la "death road" au jour suivant, pour vraiment en profiter.
Un bilan qui nous fera quand même dire que la fatigue a joué dans la balance : accumuler deux mauvaises nuits a probablement été un élément défavorisant. Maïté a été une personne très importante dans cette aventure puisqu'elle a pu permettre à Ben d'y aller. Sans elle, nous aurions du faire demi tour tous les deux. Une expérience incroyable, à faire. Se tester, sortir de sa zone de confort, se sentir vivant... Toutes ces raisons qui nous ont donné envie d'essayer. Une expérience sans regret puisque nous nous sommes tous les deux donnés les moyens d'y arriver. Comme on dit : parfois on gagne, parfois on apprend!
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