Etape 2 : Iquitos & La forêt Amazonienne
- worldkitchentour
- 14 juil. 2016
- 6 min de lecture
À 3 200 km de l’embouchure de l’Amazone, cette grande ville a la particularité de n’être reliée au reste du monde que par voie aérienne et fluviale. En arrivant à Iquitos, on savait qu'un combat nous attendait! Les touristes qui viennent ici ne viennent pas par hasard, nous sommes dès notre arrivée une cible pour les tours vers la jungle. On se sent oppressés et suivis par les opérateurs dans la rue. C'est tellement dur de faire confiance dans un pays avec en plus une langue étrangère, quand on parle d'un sujet que l'on ne maitrise pas et qu'à la fois, il ne faut pas prendre à la légère. On avait pas trop envie de se retrouver au milieu de la jungle avec un guide en qui on avait pas confiance!
Nous rencontrons deux agences qui nous proposent à peu près la même chose et qui ont l'air sérieuse. Bien entendu ils se mettent chacun des bâtons dans les roues, histoire de nous embrouiller un peu plus! L'une joue plus la carte du confort avec des lodges prévus pour accueillir les touristes, alors que l'autre parait plus authentique, "aventure", avec moins de détails sur le lieu du séjour. On s'accorde une pause dej, avec toujours des tours qui nous coupent dans notre conversation pour faire notre choix. Il faut trancher, on se dit qu'on est là pour l'aventure et qu'on ne le fera qu'une fois, on partira donc avec la deuxième Agence "Green Wild Experience Amazonia".
Percy, le gérant nous héberge chez lui pour la soirée. On partage un très bon moment avec sa femme et ses enfants, et on se dit qu'on a fait le bon choix! On se met dans le bain de la jungle : ici pas d'eau entre 17h00 et 11h00 et salle de bain "sommaire"! On allège un peu nos sacs et partons le lendemain matin à 9h00 en bateau. 3h00 de bateau uniquement entourés de locaux en se demandant : "est-ce qu'on a bien fait?", "où on va dormir?", "est-ce qu'il y aura d'autres touristes?". Bref, on a plus le choix!
On arrive chez Manuel (notre guide), Maria (sa femme), leurs enfants, neveux et nièces, mère, animaux... Et Martin, un singe noir qui a l'air totalement épanoui! Leur maison est typique de l'Amazonie : sur pilotis, en bois et feuille d'arbres, ouverte sur l'extérieur. Notre chambre est dans une maison séparée mais dans le même esprit, avec peut-être un peu plus de moustiquaire qu'eux! Les toilettes sont à l'écart mais n'ont pas de chasse d'eau, un sceau d'eau à chaque passage fait l'affaire et envoie tout dans un tuyau. La salle de bain, non plutôt la "douche" se résume par quelques bouts de bois, l'eau de la rivière et des gamelles pour se verser l'eau. Inutile de dire qu'il n'y a pas d'électricité et donc que la cuisine se fait au charbon de bois.
Premier moment de partage, nous mangeons avec eux (sur des bancs car il n'y a pas de table) du poisson frais entier grillé, avec du riz et une banane plantain. Un régal! Manuel nous montre et nous explique ses mélanges de plantes médicinales contre les ulcères, le mal de gorge, les rhumatismes, les hémorragies...
On part ensuite en pirogue avec ses deux fils pour aller voir des dauphins. Il existe deux types de dauphins en Amazonie, les dauphins roses dis "doctor" et les dauphins gris dis "policia". Un peu de patience, et on finit par les voir! Le cadre est magnifique : les couleurs du ciel qui se mélangent, aucun bruit, le vert des arbres qui bordent l'eau, et une eau paisible, sans vagues. Un super moment! Nous rentrons vers 17h45 et le soleil se couche, comme tous les jours de l'année ici. Le dîner nous est servi à la bougie : poulet, riz et banane frite. Le régime riz-banane est en route! A 19h30 nous sommes au lit, ça nous était pas arrivé depuis un bail! Première nuit difficile pour Loulou, le temps de s'acclimater aux bruits extérieurs et à l'humidité. Ben dort comme un bébé!
A 6h00 pétante, le coq nous réveille, le jour se lève. On nous prête des bottes et nous partons en route pour la jungle, qu'on appelle ici "la Selva". On apprend à faire des pièges d'animaux, des "trempas", notamment pour les tortues et un genre de raton laveur. Il fait humide, moite, très chaud, en moins de 20min notre chemise est trempée. Nous coupons sur le chemin de la "lienna toxica", qui servira à pêcher des poissons en pleine jungle. Il faut répartir cette plante toxique à plusieurs endroits d'une étendue d'eau avec peu de courant : 10min plus tard, les poissons ont du mal à nager, remontent à la surface et on peut alors les attraper. L'utilisation de cette plante a été interdite dans le rio Amazon car des centaines de petits poissons mourraient et empêchait donc la reproduction. Manuel nous a laissé faire avec son fils et a fait un tour dans les parages. Il a bien fait, il a tué un serpent venimeux appelé "Nakanaka". On fait la rencontre sur le chemin du retour de singes (monos), mais les arbres sont tellement grands qu'on a du mal a les prendre en photo! Le soleil se couche et nous passons une soirée au calme... avec nos copains les moustiques!
Le jour suivant, le thon/tomate + banane nous met en jambe pour une journée pêche. Après une heure de bateau et quelques appâts pêchés, nous arrivons dans les eaux noires, ou plutôt couleur café... Le paradis des piranhas! Quelques minutes plus tard nous pêchons nos premiers piranhas "Rojos" et "Blancos", sans parler de la dizaine d'autre sorte de poisson! Incroyable comme les piranhas ont les dents coupantes. On a fait l'essai de le faire mordre un poisson, ça donne vraiment pas envie de mettre son doigt! Une super aprèm pleine d'action (qui finit sous les trombes d'eau!) et qui présage de se régaler pour les jours à venir. Aussitôt dit aussitôt fait, les piranhas "rojos", qui ont plus de chaire, se retrouvent grillés dans notre assiette le soir même. Miam! Ben propose au fils de 24ans de boire une bière : 20min de marche plus tard, les chaussures pleines de boues et encore une dizaine de piqûre de moustique, nous arrivons à Santa Ana, la communauté la plus proche de leur maison. Il fallait être motivée pour boire cette bière! On rit à notre arrivée dans le "bar" : spiderman en espagnol avec le son à fond les ballons, une table en plein milieu et... Personne! On finira par écouter de la musique péruvienne "Amor sensual" avec le clip tellement kitch et loin de ce qu'on peut voir en Europe que ça en devient charmant d'authenticité!
Le jour suivant commencera par l'observation d'un paresseux en haut d'un arbre de leur jardin, et de plusieurs petits singes! Ils arrivent à le faire descendre et nous le prenons dans nos main! Moins rapide qu'une tortue, il risque pas de s'échapper! Nous partons ensuite pour une marche dans la jungle qui se terminera par une baignade dans une cascade anciennement protégée par les Indiens. Manuel nous montre des plantes, des arbres, une grenouille venimeuse, des fruits... Et on rentre sous une pluie torrentielle, on commence à s'y habituer. Ben joue au foot avec les enfants au bord de l'Amazon, un chouette moment.
Dernier matin et pas le moindre... Un anaconda nous fait la surprise de se cacher à côté de la "douche" où les enfants se lavent! Manuel nous appelle et le maitrise pour le prendre dans ses mains. Ben a le courage d'en faire autant, frissons assurés! C'est un bébé qui fait déjà 2m50 et qui fera probablement comme ses copains jusqu'à 10mètres de long... Clou du spectacle, on est contents d'en avoir vu un avant notre départ! On retourne aussi voir si nos pièges en pleine Selva ont fonctionné, et on voit qu'une petite tortue d'1 an environ s'est faite avoir! On la relâche car trop petite pour être mangée (oui, ils les mangent!). On fait nos affaires pour reprendre le bateau qui nous reconduira jusqu'à Iquitos.
Sur le chemin du retour, on repense à ce séjour hors du temps, hors de toutes nos pensées. L'immersion, la vraie. On ne s'attendait pas à vivre la réalité de ces gens qui malgré leur pauvreté, sont heureux et ont, comme ils disent, "tout pour vivre". Ils ont la pêche, la chasse, des fruits, des légumes, du riz et c'est d'ailleurs une de leurs occupations principales. Ils ont aussi de quoi construire des maisons, qu'ils doivent réhabiliter tous les 7 à 10 ans environ.
Ils sont accueillants, veulent partager leurs savoirs et sont simples. Les enfants sont souriants, quel plaisir de les voir jouer au foot pied nus pendant des heures à rire, sans se fâcher.
Alors bien sûr, on fait le parallèle avec notre vie d'européens et on se trouve terriblement matérialiste, et souvent insatisfaits. Et à la fois on se dit qu'il faut de tout pour faire un monde, que ces gens sont heureux et comme dit Manuel en espagnol "j'aime pas la ville, j'ai l'impression d'étouffer"!
On se dit que c'était une superbe expérience, qu'on se souviendra toujours de toutes ces valeurs qu'ils nous ont transmises pendant 5 jours et que ça nous servira désormais à relativiser en toute circonstance.
(Bon qu'on se le dise, les moustiques, les douches froides et l'humidité ne nous manquent déjà pas!)
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